En souhaitant nous aider dans nos choix alimentaires, le nutriscore parait en apparence adapté pour nous guider dans de bons choix alimentaires pour une alimentation saine. Score non obligatoire pour les produits industriels, le nutriscore pourrait se généraliser à l'ensemble des produits de grande distribution à l'horizon 2022.
Mais le nutriscore prend-il vraiment soin de notre santé ?
Je me suis récemment entretenue avec une journaliste de l'agence APASEC à ce sujet et j'ai retrouvé certaines abbérations du Nutriscore ; ces produits transformés qui récoltent un bon score nutritionnel (A ou B) et dont les différentes campagnes de santé publique nous encouragent la consommation alors même que ce sont des produits pour certain ultra-transformés (consommer en excès ils demeurent dangereux pour la santé) et qui ont des équivalents de meilleure qualité nutritionnelle, moins bien notés ! Une abbérration.
Comment cela est-il possible ?
Et bien car le nutriscore a deux gros défauts :
Il ne tient pas compte des portions consommées : le score est établit pour 100g d'aliment. Or nous ne mangeons pas 100g d'huile ou de fromage/jour...
Il ne tient pas compte du degré de transformation du produit : tant qu'il y a des protéines, des vitamines, des fibres, pas de gras, de sucre ou de sel, on est content. Le reste... additifs, maqueurs d'ultra-transformation, qualité des ingrédients n'est pas comptabilisé.
Et pourtant, n'est-ce pas cet ensemble qui définit la qualité de ce que l'on mange ?
Et voici pour exemple...
Comparaison de deux sauces tomates.
Toutes deux ont un bon nutriscore (A) lorsque la première a un indice nova de 4 (= aliments ultra-transformé, échelle allant de 1 à 4 pour aller plus loin : j'en parle ici).
Dans sa composition on retrouve entre autre: sucre, sel, amidon transformé de maïs. Son équivalent Tomacouli pour le même nutriscore, a un indice de transformation de 1 sur 4.
Comparaison des sauces vinaigrettes
Une patiente se questionnait de sa sauce salade et m'indiquait penser faire un bon choix en choisissant la première formule (vinaigrette allégée), pensant que les autres huiles étaient trop grasses pour s'en servir de base pour une sauce maison.
Toutes deux sont nutriscore C car riches en graisses. Mais il existe une différence de taille : la qualité de ces graisses ! L'indice NOVA est là encore bien différent.
On retrouve dans la composition de la première : Eau (1er ingrédient) métabisulfite de potassium - acidifiant : acide citrique) - sel - amidon transformé de pomme de terre - sucre - épaississant : gomme xanthane - colorant : caroténoïdes
La deuxième comporte seulement de l'huile de colza, riche en oméga 3. La première également de l'huile de colza mais à hauteur de 25 % ! noyée dans un océan... d'additifs.
Comparaison de deux fromages (pas si éloigné l'un de l'autre dans le rayon...) :
Tous deux sont nutriscore D : protéinés mais gras et salés (seuls paramètres bien réducteurs pris en compte par le nutriscore...). Toutefois, le fromage frais de brebis à un indice nova de 3 (aliment transformé avec sel et ferments lactiques) lorsque les apéricubes ont un indice nova de 4 et la différence est de taille. Composition de ces derniers en totalité : LAIT écrémé réhydraté (origine : France), fromage, beurre protéines de lait, sels de fonte : polyphosphates (additif reconnu dangereux pour la santé), citrates de sodium et acide citrique, arômes (poisson), arôme de fumée, exhausteur de goût : glutamate monosodique, sel, arôme naturel, préparation pour la variété Saumon aneth (aneth 0,35%, sel, sucre, oignon en poudre, poivre blanc, ail en poudre, arôme naturel), colorant : bêta-carotène.
Même score, pourtant ce n'est clairement pas la même qualité une fois encore! Pourtant voilà deux fromages que je peux tartiner lors d'un appéritif.
Comparaison de deux cacaos
Nous pouvons continuer la série avec les cacaos : ici Nesquik qui améliore son nutriscore initial (C voire D) pour un score admirable de B lorsque le premier ingrédient n'est autre que le sucre et le cacao présent à seulement 23 %. Mais en ajoutant vitamines et minéraux à son produits finit, le score se majore lorsque la qualité nutritionnelle reste mauvaise avec un produit ultra transformé et beaucoup trop sucré.
Son homologue non sucré et moins transformé est pourtant moins bien noté...
Comparaison de "plats complets" et autre steack végétaux
Qu'ils soient bio ou non, tous ont un nutriscore A-B dont on promouvoit la consommation... mais puisqu'on en est au point commun, ils ont aussi tous un indice nova de 4/4.
Plat 1 de pâtes, tofu, chèvre et épinard : Eau, tomates* concassées 15%, pâte*(semoule de blé dur*, eau, poudre d'épinards* 0,1%), concentré de tomate* 10,7%, oignons*, jus de tomate* 6%, fromages* (fromage de chèvre* 1,5%, emmental* 1,4%), tofu* 2,7% (eau, graines de soja*, gélifiants : chlorure de calcium et nigari), huile de colza*, plantes aromatiques*, épinards* 0,9%, sel de mer, sucre de canne*, chapelure*( blé* ), huile de tournesol*, acidifiant : acide citrique.
Plat 2 de ravioli : Eau, ravioli 27% (semoule complète de blé dur 13%, eau, viande bovine 4%, chapelure (dont gluten), semoule de blé dur 0,6%, carotte, sel, oignon 0,1%, basilic, arôme naturel, huile de tournesol), purée de tomate mi-réduite et tomates pelées 17,5%, carotte, viande bovine 3,5%, oignon 1,5%, arômes naturels (dont céleri), amidon de maïs, huile de tournesol, sel, ail en poudre.
Plat 3 steak végétal, création de toute pièce : Protéines de soja réhydratées, Eau, Protéines de blé réhydratées, Huiles végétales (tournesol, colza), Blanc d'œuf en poudre, Oignon déshydraté en flocons, Farine de blé, Purée de pomme, Herbes (persil 0,9 %, coriandre 0,7 %), Amidon de maïs et de pomme de terre, Épices (oignon, ail, poivre noir, cumin, romarin), Vinaigre, Pomme de terre déshydratée en flocons, Extrait de levure, Sel, Protéines de blé hydrolysées, Extrait de malt d'orge, Levure, Arôme, Extrait d'épices.
Pour conclure :
En résumé si je me fie seulement au nutriscore pour ce type de produit, alors mes choix sont orientés vers des produits ultra-transformés alors même que des équivalents moins/pas transformés existent, mais ne seront pas mis en valeur.
Ces aliments ultra transformés (AUT) sont peu rassasiants ce qui encourage le grignotage ou la surconsommation d'autant plus qu'ils contiennent souvent des additifs exhausteurs de goûts qui stimulent la prise alimentaire, hyperglycémiants ce qui prédisposent aux troubles métaboliques comme le diabète, riches en sucre, sel et acide-gras trans qui augmentent en cas de surconsommation le risque d'apparition de maladie (cardiovasculaire, obésité, cancer). Un excès de consommation des AUT n'est donc pas recommandé, lorsque l'achat de produit nutriscore A est encouragé ce qui est selon moi un non-sens.
Le nutriscore seul ne permet pas de donner une information totalement transparente sur la qualité du produit que j'achète. Par extension, Yuka utilisant les algorithmes du nutriscore, n'est pas une application 100 % fiable non plus.
Pour avoir une meilleure vision des choses, de façon plus globale, les applications SIGA, SCAN UP sont de meilleurs conseils.
Et sinon, vos yeux pour regarder la liste des ingrédients avec deux conseils : si elle est trop longue ou si elle contient des mots que votre grand-mère ne connaissait pas, alors reposer ce produit!
Extrait de l'article réalisé par Alison Pelotier, la suite en ligne sur leur site.
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