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Photo du rédacteurInès Chassignole

Zoom : alimentation et intéractions médicamenteuses


Je reviens dans cet article sur le pamplemousse, le soja, la réglisse, le millepertuis, le sel et le sucre dans le cadre de la corticothérapie ainsi que les aliments riches en vitamine K pour lesquels j’entends bons nombres d’interrogation au regard de certain traitement ou pathologie.

Qu'est-ce qu'une interaction médicamenteuse ?

On parle d'intéraction médicamenteuse quand l’administration simultanée de plusieurs médicaments (ou ici aliments-médicaments) modifie les effets thérapeutiques ou renforce les effets indésirables du traitement.

Le pamplemousse

Il est effectivement à limiter si associé à la prise de certain traiteement comme les immunosuppresseurs, anti-infectieux, certaines chimiothérapie ou encore statine.

Une fois que l'on prend un médicement, certains passent dans la circulation sanguine au niveau de l'intestin grêle qu'après avoir été métabolisés par des enzymes de la paroi intestinale.

Cette interaction entre enzymes et médicaments est obligatoire pour que le médicament passe dans le sang et fasse effet.

"Mais quand on avale ces médicaments avec du jus de pamplemousse, des molécules présentes dans le fruit entre en compétition avec ces enzymes. Celles-ci ne peuvent plus métaboliser correctement le médicament. Il passe alors dans le sang sans avoir été transformé. Cela peut entraîner une augmentation de la fréquence et de la gravité des effets indésirables, mais aussi une baisse d'efficacité du médicament". Pr. Chast.

Le pamplemousse entier, en jus et les compléments alimentaires à base (d’extraits) de pamplemousse sont à éviter pendant ces traitements.

Soja et traitement du cancer du sein ; des études controversées

Et cela semble fonction de la nature du cancer et de ces récepteurs.

Dans les cancers non hormono-indépendant et donc dépourvu de récepteurs aux œstrogènes, il n’y a pas d’incidence à la consommation de soja. Dans les cancers hormono-dépendant à récepteur alpha, les études concernant les phyto-oestrogènes alimentaires et les cellules cancéreuses sont controversées et peu documenté sur l’Homme. Par précaution, les produits à base de soja sont à déconseillés.

"Dans le cadre de l’alimentation, il est conseillé de consommer au maximum 2 produits contenant/à base de soja par jour (tels que lait de soja, graines de soja, yaourt, tofu, tempé et alternatives végétariennes à la viande). Une portion correspond environ à 1 yaourt au soja, 1 verre de lait de soja ou 85 g de substitut de viande…" Cela correspond à maximum 80 mg d’isoflavones ou 26 g de protéines de soja par jour. Vogel J. et al. Handboek voeding bij kanker, Utrecht: de Tijdstroom, 2012. Eakin A. et al.Clinical Inquiry: Does high dietary soy intake affect a woman's risk of primary or recurrent breast cancer?J Fam Pract. 2015 Oct;64(10):660-2.

Les compléments alimentaires à base de soja contiennent souvent de doses élevées d’isoflavones. Par manque d’études scientifiques sur ce sujet comme évoqué ci-dessus, ils sont par prudence déconseillés en cas de cancers hormono-dépendants du sein, de l’utérus ou des ovaires. Il en va de même lors d’un traitement à base de tamoxifène (Nolvadex®, Tamizam®, Tamoplex®, Tamoxifen®) et de létrozole (Femara, Letrozole).

N'hésitez pas à demander l’avis de votre oncologue et de l’équipe médicale qui vous entoure.

Le Millepertuis (Hypericum perforatum ou herbe de Saint-Jean ou St John's wort)

Le millepertuis est une plante médicinale utilisée en phytothérapie et disponible en officine parfois conseillée dans le traitement des troubles de l'humeur (anxiété, dépression).

Plusieurs articles scientifiques publiés dans la presse internationale ont rapporté des cas d'interactions médicamenteuses entre le millepertuis et des médicaments à faible marge thérapeutique notamment la digoxine , la théophylline , les anti-vitamines K, la ciclosporine 1 , mais aussi des contraceptifs oraux. (Article détaillé disponible sur : ansm.sante.fr).

Mais le millepertuis est aussi connu pour les interactions qu'il provoque s'il est consommé avec certains médicaments. "Le millepertuis est un inducteur enzymatique, c'est-à-dire qu'il accélère au niveau du foie et de l'intestin l'élimination des médicaments", explique le Pr Stéphane Mouly, médecin interniste à l'hôpital Lariboisière. Les médicaments n’ont donc plus l’effet escompté car éliminé trop rapidement. C’est notamment le cas avec les contraceptifs, réduisant leurs effets.

La réglisse et les traitements hypotenseurs

Elle est à l’origine d’une augmentation de la pression artérielle. Il convient de limiter, ou mieux, d’abandonner la consommation de réglisse (bonbon ou boisson anisée sans alcool) en cas d’hypertension.

Sucre, sel et corticoïdes

La prise prolongée de cortisone ou lors de prise à haute dose modifie le fonctionnement de notre métabolisme : la dégradatation de nos protéines est alors augmentée, on observe une rétention hydro-sodée pouvant être responsable de la formation d'oedèmes nécessitant une diminution des apports sodés via l'alimentation (sel de table et aliments riches en sodium) dont la sévérité sera fonction de la prescription de votre médecin.

On observe également une modification du métabolisme des glucides avec hyperglycémie pouvant donné naissance à un diabète dit "cortico-induit" nécessitant une réduction et une répartition adaptée de la consommation des sucres alimentaires.

Pour une prise en charge adaptée, n'hésitez pas à en parler à votre médecin ou à consulter un(e) diététicien(ne).

Les aliments riches en vitamine K

La vitamine K joue un rôle dans notre coagulation sanguine. Les traitement anti-vitamine K contribuent quant à eux à fluidifier notre sang. Les aliments les plus riches en vitamine K sont donc à consommer avec parcimonie si prise de médicaments anticoagulants oraux. Ces aliments sont à l’origine d’une diminution de l’efficacité du traitement et donc d’un risque accru de thromboses.

Des listes très (trop) fournies des aliments à éviter/supprimer se trouvent sur internet, mais une éviction totale de tous les aliments sources de vitamine K n'est vraiment pas nécessaire et risque de réduire nettement votre répertoire alimentaire pouvant être à l'origine de carences.

Il est conseillé, en cas de traitement avec des anticoagulants oraux, de ne pas manger plus d’une portion d'aliments RICHES en vitamine K par jour (choux frisé, brocolis, épinards, endives, persil, laitue), ainsi que de ne pas modifier soudainement ses habitudes alimentaires, en cessant ou augmentant toute consommation. Pour une prise en charge adaptée, n’hésitez pas à vous rapprocher d’un(e) diététicien(ne).

Fang Fang Zhang et al. Dietary isoflavone intake and all-cause mortality in breast cancer survivors: The Breast Cancer Family Registry. Cancer. 6 March 2017.

Fritz H. et al. Soy, red clover, and isoflavones and breast cancer: A systematic review. PLoS ONE. 2013;8:547

Shike M et al. The effects of soy supplementation on gene expression in breast cancer: A randomized placebo-controlled study. J. Natl. Cancer Inst. 2014;106.

Wiśniewska I. et al. The pharmacological and hormonal therapy of hot flushes in breast cancer survivors. Breast Cancer. 2016 Mar;23(2):178-82.

bcfi.be - mskcc.org - umm.edu - cancer.be/complementsalimentaires/soja/isoflavones/phyto-oestrogenes - ansm.sante - cancer.ca/.fr - www.ligue-cancer


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