Après mon article proposant une explication à ce qu’est le poids, il est pour aujourd’hui question de savoir pourquoi nous avons ce poids et pourquoi est-ce si difficile de le mobiliser. Dans la rédaction de cet article, je m’inspire du model bio-psychosensoriel reflété quotidiennement dans mon approche comportementale, qui n’a pas pour volonté de faire maigrir mais d’expliquer un fonctionnement de régulation du poids.
Qu’est-ce qui détermine mon poids ?
Contrairement aux idées reçues, l’Homme ne peut décider du poids qu’il veut faire.
Le poids « idéal » n’est pas celui que l’individu se fixe mais celui que le cerveau décide, sur la base d’éléments génétiques et d’expériences de vie.
Chacun sera à même de concevoir facilement que nous sommes entourés de personnes de grandes ou de petites tailles sans que cela ne soit considéré comme une anomalie. C’est un fait, il existe des grands et des petits et malgré toute notre volonté nous ne pouvons agir sur notre taille.
« Tout comme le corps a besoin d’un certain nombre d’heures de sommeil, le cerveau a une fourchette de poids privilégiée qu’il va s’efforcer de défendre pour chacun d’entre nous »
S. Aamodt
Pour rappel, même si la médecine définie un IMC « normal » dans un intervalle de 20 à 25, celui-ci ne correspond en rien à un poids « normal » et n’est pas un objectif commun à tous. Il est simplement considéré comme étant l’intervalle de poids dans lequel l’individu serait statistiquement le moins exposé à des complications médicales. Ce n’est par ailleurs en rien une garantie de santé, pas plus qu’on ne soit certain d’être renversé en traversant hors du passage piéton ou que l’on en soit totalement à l’abri en respectant la signalétique.
Ce poids de forme, poids idéal (pour l’organisme), poids de référence ou « set-point » (J.P. Zermati), s’inscrirait dans une fourchette d’environ cinq kilogrammes selon Sandra Aamodt en clarifiant que des personnes qui font de l’activité physique se situeraient plutôt vers le bas et les sédentaires vers le haut. Il peut augmenter au cours de la vie si la personne développe de la masse grasse et reste en surpoids plusieurs années, le « set-point » risque d’augmenter car le cerveau considérera le nouveau poids comme la référence.
C’est en ce sens qu’il parait normal d’osciller de +/- 3-4 kg dans les périodes d’abondances alimentaires (fêtes…) ou durant des maladies temporaires (gastro-entérite, grippe, infections…) sans qu’il faille s’inquiéter d’un retour à l’équilibre, il se fera naturellement.
L’organisme à la mécanique bien huilée en quête d’équilibre va chercher à défendre cette stabilité pondérale via un système de régulation complexe, basé dans l’hypothalamus, une zone du cerveau impliquée dans de nombreuses fonctions comportementales (mais faisant intervenir une multitude de neurotransmetteurs, hormones, zones corticales des émotions, des pensées…). Il reçoit différents signaux relatifs aux stocks d’énergie contenu notamment dans les tissus graisseux au taux de sucre dans le sang, aux apports alimentaires, aux dépenses physiques et agit en réponse sur l’appétit ou encore le métabolisme, c’est-à-dire l’énergie consommée en permanence par l’organisme pour fonctionner, dans le but de maintenir un poids corporel stable.
Selon J.P Zermati : « Ainsi, chez le mangeur régulé, quand le poids se déplace au-dessus ou au-dessous de son set-point, l’organisme agirait en mettant en action des mécanismes de défense destinés à ramener le poids à sa valeur d‘équilibre et en transmettant des signaux qui modifieraient les prises alimentaires. Un peu comme un élastique sur lequel on tirerait et qui reprendrait dès qu’il le pourrait sa position de repos. Dans le cas où le mangeur maigrit et passe au-dessous de son set-point, la faim augmentera pour inciter le mangeur à augmenter ses apports énergétiques et reprendre du poids. Si au contraire, le mangeur grossit et passe au-dessus de son set-point, la faim, dans ce cas, diminuera incitant par là même le mangeur à réduire ses apports énergétiques afin de reperdre du poids. »
En cas de baisse importante du poids, l'organisme met tout en oeuvre pour augmenter l'apport d'énergie en augmentant la faim, en diminuant la consommation d'énergie par l'organisme pour s'économiser et en dégradant le tissus musculaire pour produire de l'énergie utilisable.
Comment fonctionne cette régulation en surface ?
En surface, avec nos sensations, car il est impossible pour nous de suivre le balai des neurotransmetteurs et des hormones pour savoir si nous mangeons suffisamment en quantité et des nutriments intéressants pour le bon fonctionnement de notre organisme. On peut cependant observer que l’organisme se régule via plusieurs paramètres, parmi :
La fréquence des repas en fonction de l’alternance de la faim (lorsque les cellules commencent à manquer de sucre, en fin de digestion des aliments du repas précédent, signalant un besoin d’énergie) et de la satiété (état de non-faim). Toutefois, la vie en société, professionnelle, impose des horaires et ne nous incite pas à suivre notre propre rythme. C’est comme ça que nous apprenons à « régler » la taille de nos repas pour avoir faim à des heures socialement acceptables. Nous apprenons, visuellement, progressivement avec plus ou moins de précision quelle quantité nous devons consommer pour ne pas avoir faim jusqu’au repas suivant. Ceci pouvant se réajuster au fur et à mesure de notre vie car nous ne faisons pas le même poids à vie !
La taille des repas : plusieurs études montre qu’il existe un rapport direct entre la quantité absorbée et la richesse calorique d’un repas. Si les calories ingérées sont faibles, l’organisme ira spontanément vers une augmentation de la quantité consommée de façon à maintenir une quantité de calories adéquate au bon fonctionnement du corps (et c’est en ce sens que consommer des aliments « light » est un leurre pour l’organisme, les calories seront compensées tôt ou tard aux repas suivant en mangeant plus).
Pour autant, nous pouvons tous observés autour de nous qu’il n’y a pas de lien entre la quantité d’aliment ingérés et le fait de prendre ou non du poids. Nous avons tous dans notre entourage une personne qui mange tout autant si ce n’est plus que nous, mais qui n’a pas le même profil pondéral… cela marque les inégalités biologiques : pour une même quantité d’aliments ingérés, nous ne nous comportons pas tous de la même manière.
Le choix des aliments : nous prenons du plaisir à consommer les aliments qui nous apportent le nutriment qui manque à l'organisme. Seulement les études montrent que le goût pour cet aliment persistera bien au-delà de la réparation de cette carence.
Faire de ses sensations ses alliées pour comprendre son propre fonctionnement
Chacun possède naturellement les compétences lui permettant d’ajuster spontanément sa consommation d’aliments à sa dépense énergétique et de maintenir son poids d’équilibre, génétiquement déterminé.
Mais encore faut-il comprendre pourquoi l’on mange, quels sont les mécanismes en jeux (et même enjeux), affiner la perception des sensations, mettre les mots, distinguer les envies, la gourmandise… des besoins physiologiques. C’est en ce sens que je vous accompagne.
Car la faim nous dit simplement qu’il est temps de manger mais ne nous renseigne pas sur les quantités de nourriture dont nous avons besoin. C’est par la décroissance du plaisir gustatif que le cerveau nous fait savoir les quantités de nourriture qui nous sont nécessaires (Dr Zermati). De plus, l’estomac est une poche qui ne peut contenir plus que son volume… mais c’est un système rudimentaire, qui ne sait pas faire la différence entre les différents aliments : gras, protéinés, sucrés, peu calorique...
Dans une société où la dépense énergétique est réduite et où la consommation alimentaire est effrénée, ce système de régulation ne sait plus bien faire face. Et différents facteurs, comportementaux, psychologiques (émotions, croyances, ancrages...) et autres, viennent majorer la fragilité du système : à cause du temps que nous passons à réprimer et à ignorer nos sensations alimentaires, nous sommes devenus moins réactifs aux signaux qui nous disent d’arrêter de manger. C’est l’occasion qu’attendaient les systèmes de récompense (à l’origine de la libération de dopamine, l’hormone du plaisir) et d’habitude (qui contrôle les actions automatisées par le cerveau) particulièrement puissants, pour intervenir et prendre les choses en main ce qui entraîne, souvent, des dérégulations.
C’est pourquoi, nous finissons davantage par fonctionner par habitude et plaisir, que pour satisfaire nos besoins plus ou moins bien perçus.
Rassurez-vous, vous n’êtes donc pas coupable de vos difficultés voire échecs mais vous êtes capable de réapprendre à fonctionner et développer une éthique intérieure avec un comportement alimentaire fonctionnel, cohérent avec vos valeurs, qui fait du bien au corps et à la tête et non un comportement alimentaire vécu comme des obligations extérieures, des règles à ne surtout pas transgresser.
Conseils de lecture : « le poids idéal selon le cerveau » de sens et santé de juillet 2017, article de M. DESMURGET et S. AAMODT, Livres de S. Clerget « bien dans sa tête, bien dans son assiette », J.P Zermati « maigrir sans régime » ou encore « manger en paix » de G. Apfeldorfer.